
Portrait de Natalia Estemirova réalisé par le peintre tchétchène Asia Oumarova (source Wikipedia)
Le mercredi 15 juillet 2009, le corps de Natalia Estemirova a été retrouvé dans une forêt en Ingouchie, après son enlèvement le matin même, au sortir de son domicile à Grozny. Menacée et « avertie » à de nombreuses reprises, insultée par le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, elle avait été exécutée dans la journée de plusieurs balles dans la tête et la poitrine. Après avoir été professeure, puis journaliste, Natalia Estemirova était devenue militante de l’ONG russe Memorial lors du début de la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999. Née d’un père tchétchène et d’une mère russe, elle avait choisi de vivre à Grozny, malgré la guerre. Elle y dirigeait l’antenne de Memorial. Cette dernière, par la voix de son dirigeant à Moscou, Oleg Orlov, a immédiatement mis en cause la responsabilité de Ramzan Kadyrov, qui a, de son côté, porté plainte contre Memorial. Le procès s’est ouvert à Moscou, le 25 septembre.
Bernard De Backer, La Revue nouvelle, éditorial d’octobre 2009
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Article mis en ligne par La Revue nouvelle
Mise à jour de mai 2019. Elena Milashina, journaliste à Novaïa Gazeta et amie de Natalia Estemirova, a reçu un Doctorat Honoris Causa de l’ULB et de la VUB le 3 mai 2019 à Bruxelles.
Mise à jour de mars 2019. En Tchétchénie, le responsable de l’ONG Mémorial, Oïoub Titiev, primé par le prix européen Vaclav Havel en 2018, a été condamné à quatre ans de colonie pénitentiaire. Dans Le Monde du 18 mars 2019 :
« Cet été-là, tandis qu’officiellement la deuxième guerre russo-tchétchène s’achevait pour être remplacée par un régime antiterroriste, « un nettoyage » avait eu lieu à Kourtchaloï. « Plus de cent personnes ont été torturées, cinq tuées… Alors, j’ai écrit un article sur ces atrocités », a rappelé Oïoub Titïev. Il ne quittera plus l’ONG Mémorial, venue sur place enquêter. Parmi la délégation figurait sa prédécesseure, Natalia Estemirova, assassinée en juillet 2009. Depuis lors, sous la direction de Ramzan Kadyrov, installé par Vladimir Poutine à la tête de cette région du Caucase, les autorités locales, qui ont mené récemment une véritable politique de terreur et de persécutions contre les homosexuels, n’ont cessé de pourchasser, arrêter et diffamer les défenseurs des droits humains, allant même jusqu’à incendier leurs bureaux. »