
Poissons dans un étang à Kyoto (photographie de l’auteur)
Même les petits bouddhas de carrefour, d’ordinaire si complices et bienveillants, ont ce soir la gueule en biais et l’air de courber sous un fardeau d’impostures et d’obligations. Mais je m’emballe : je parle comme un contestataire de Kyodaï (l’université impériale de Kyoto). Me voilà bien Japonais !
Nicolas Bouvier, Chroniques japonaises
Le journaliste et voyageur polonais Ryszard Kapuscinski avait le souci de repérer « le fleuve profond » des pays qu’il arpentait. Et il disait : « Pour comprendre sa propre culture, il faut d’abord comprendre d’autres cultures. C’est la plus grande des vérités. » Sur ce plan, le Japon est un casse-tête, tant il apparaît à la fois proche et lointain de notre monde européen, « moderne sans être occidental » comme l’écrit Pierre-François Souyri. Mais il est nécessaire, au-delà des différences, de placer ces univers culturels et religieux dans leur dynamique historique si l’on veut éviter de les essentialiser. Trois livres peuvent nous y aider. Le premier est celui d’un auteur japonais, Akira Mizubayashi, qui écrit en français mais vit au Japon avec sa femme française. Il est titré, précisément, Dans les eaux profondes. Le bain japonais. Le second est l’œuvre d’un Français travaillant et vivant au Japon avec son épouse japonaise, Jean-Marie Bouissou. Son livre est intitulé Les leçons du Japon. Un pays très incorrect. Enfin, pour placer la confrontation de leurs propos parfois très divergents dans un temps plus long, l’ouvrage de Pierre-François Souyri, Moderne sans être occidental. Aux origines du Japon d’aujourd’hui est précieux. Le tout sera soutenu par nos voyages et de nombreuses lectures citées en source, dont le livre de Maurice Pinguet, La mort volontaire au Japon.
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