
Carl Wilhelmson, Juniafton (1902)
À Greta Thunberg,
petite allumette suédoise qui a mis le feu aux marches des jeunes pour le climat
L’opinion de Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du Giec, sur Greta Thunberg.
Les élections suédoises du 9 septembre 2018 se sont déroulées dans une nation touchée par plusieurs crises. Les effets du changement climatique se sont fait ressentir de manière violente, avec une sécheresse et des températures jamais mesurées. Des incendies de forêt ont détruit des milliers d’hectares, des récoltes ont été perdues, du bétail abattu ; les îles baltiques de Gotland et d’Öland ont été touchées par de graves pénuries d’eau. Même le point culminant du pays, en Laponie, a fondu de quatre mètres. Ce choc survenait alors que la Suède, non membre de l’OTAN, avait vu sa population mise en « défense totale » par le gouvernement, suite à des incursions russes réitérées dans ses eaux territoriales et son espace aérien. Sa réputation était par ailleurs entachée depuis an par le scandale du prix Nobel de littérature décrédibilisant les élites culturelles, la crise de l’Académie suédoise portant au grand jour des aspects peu reluisants des coteries d’initiés de Stockholm. Enfin, la problématique migratoire, dans une « superpuissance humanitaire » qui a accueilli un nombre très élevé de réfugiés en proportion de sa population en Europe, connaît des développements inquiétants. D’un côté, par des difficultés de cohabitation dans les trois grandes villes (Stockholm, Göteborg et Malmö) qui connaissent une hausse de la criminalité, du vandalisme et des actes antisémites, et, de l’autre, par l’euphémisation ou le déni de certaines réalités par une bonne partie des élites intellectuelles, politiques et médiatiques. Comme ailleurs en Europe, ce cocktail détonnant a creusé le fossé entre « le peuple et les élites », alimenté l’extrême droite ou « le populisme ». L’échiquier politique s’en est trouvé bouleversé. Éclairages au fil d’un voyage dans un Nord qui vire au Sud.
Complément du 15 septembre 2022. « Elections en Suède : la droite devrait s’allier avec l’extrême droite pour gouverner. Le bloc de droite l’a finalement emporté face à la coalition de gauche de la première ministre sortante Magdalena Andersson. Les conservateurs vont devoir composer avec les Démocrates de Suède, formation nationaliste devenue la première force à droite. », Le Monde 15 septembre. C’est pour avoir anticipé cela et en avoir évoqué les causes profondes que cet article a été refusé par La Revue nouvelle. D’autres articles du Monde ici et ici. « 10 points sur les Démocrates de Suède, le parti de Jimmie Åkesson », dans Le Grand Continent du 20 septembre. Une analyse très éclairante.
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