
Timbre-poste de la RFA, 1960 (source Wikipedia)
Dans la multitude des abus constatés et dénoncés, des affaires judiciaires, des enquêtes médiatiques, des récits autobiographiques et des analyses plus ou moins savantes qui se succèdent depuis des années sur ce que l’on a coutume d’appeler « la pédophilie », les coupables sont pour la quasi totalité des hommes. De Gilles de Rais à Gabriel Matzneff, d’Horace à André Gide, des moines bouddhistes aux prêtres catholiques, si les victimes sont des deux sexes, les auteurs semblent tous de sexe masculin. En est-il vraiment ainsi dans la réalité ? Et si ce n’est pas le cas, pourquoi une telle omerta sur les abus commis par des femmes ? On ne fera ici qu’aborder cette question, en donnant quelques éléments de réponse de nature principalement sociologique. Par ailleurs, si en parler est une manière de participer au bris du tabou, c’est surtout pour tenter de le comprendre.
Complément du 14 janvier 2021. Dans le contexte de « l’affaire Olivier Duhamel », cet article du Monde daté du 23 novembre 2020, cité dans l’émission C’est dans l’air du 14 janvier 2021 titrée Affaire Duhamel. « Tout le monde savait » : » L’inceste, ce crime encore trop banal perpétré à 96 % par des hommes » par Solène Cordier. La prévalence des hommes est mise en relation avec la domination masculine par la journaliste du Monde, Lorraine De Foucher, présente sur le plateau. Et également : « Tout le monde savait » : Claude Lévêque, une omerta au nom de l’art. « Alors qu’une partie du milieu artistique est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris… » De la gauche caviar à l’art contemporain, « tout le monde savait ». D’une omerta à l’autre, semble-t-il. Mais il y a une qui paraît bien tenir. Comme nous l’écrivions sur base des travaux de la criminologue Jo Brayford : « La victimisation des femmes et la dénonciation du patriarcat – ce dernier considéré comme la cause majeure des violences et des abus domestiques par les féministes – dressent selon elle « une barrière invisible » qui conduit à une minimisation et un obscurcissement de ce type d’abus. »