
Localisation médiévale du Paradis terrestre sur le territoire actuel de Daech (source Wikipedia)
« Une autre direction de l’humanité s’impose ! La direction de l’humanité par l’Occident touche à sa fin, non parce que la civilisation occidentale a fait faillite sur le plan matériel […] mais parce que le monde occidental a rempli son rôle et épuisé son fonds de valeur qui lui permettait d’assurer la direction de l’humanité […] L’islam seul est pourvu de ces valeurs et de cette ligne de conduite »
Sayyid Qutb, Jalons sur la route de l’islam (1964)
Le débat sur la « radicalisation » et l’actualité à flux continu, qui nous occupera sans doute un certain temps, nous incite à republier un article par ailleurs congruent avec le cadre de ce blog. Publié une première fois en novembre 2001 par la revue belge Imagine, dans une version légèrement plus courte, ce texte retrace succinctement les fondements et la généalogie de l’islamisme, en lien avec d’autres mouvements radicaux opposés à la modernité démocratique. Nous le diffusons ici dans sa version plus complète, avec quelques ajustements. Même si le salafo-baasisme de Daech, notamment, semble supplanter Al-Qaïda, les causes structurelles de l’islamisme et de sa réception dans le monde musulman nous paraissent relever de la même dynamique « géo-religieuse ». Cette dernière n’est sans doute pas la seule à l’œuvre, mais nous serions bien aveugles de pas tenir compte de ses motivations croyantes en nous limitant aux seuls facteurs économiques ou sociopolitiques. La référence au « Paradis » fait bien entendu écho à celui qui avait été garanti aux pirates de l’air par Ben Laden, mais également aux promesses des « religions séculières » du XXe siècle — bien que seulement sur terre dans leur cas. Précisons que l’arabisant Yahya Michot, que nous évoquons ici, spécialiste et traducteur du théologien sunnite hanbalite Ibn Taymiyya, après avoir été exclu de Louvain-la-Neuve et d’Oxford, vit et enseigne aujourd’hui aux États-Unis, sur cette terre tant exécrée par le Frère musulman Sayyid Qutb.