Les livres, articles et interventions du psychiatre et psychanalyste namurois Jean-Pierre Lebrun ont bénéficié depuis quelques années d’une audience croissante dans les secteurs de la psychanalyse, de la santé mentale et du travail social. Cette audience a été notamment renforcée par les interventions médiatiques de Lebrun au sujet de phénomènes de société comme la violence des jeunes, le déclin de l’autorité, les incivilités, la dépression, les assuétudes, les nouvelles pathologie ou de faits divers associés. Son analyse des aléas de la subjectivité contemporaine rejoint celles d’autres observateurs, analystes ou non, avec des nuances plus ou moins importantes. Mais elle suscite également de rudes critiques, notamment chez les psychanalystes.
L’ouvrage que l’on va aborder ici, publié en 2007, doit être situé dans une série de travaux dont la diffusion a débuté avec Un monde sans limite. Essai pour une clinique psychanalytique du social (1997). Ce premier livre établissait un diagnostic extrêmement sévère des sociétés occidentales contemporaines. Il allait jusqu’à envisager une « sortie de l’espèce humaine » comme effet possible de la mutation du lien social subverti par le discours de la science, le néo-libéralisme et le « démocratisme ». Cette vision a été reprise dans un livre dialogué avec un autre analyste, Charles Melman, L’homme sans gravité. Jouir à tout prix, publié en 2002 et largement diffusé en livre de poche.
Bernard De Backer, 2007
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Complément du 24 mai 2021. Je viens de découvrir, par hasard, que ce texte est diffusé par un psychologue français, Ludovic Gadeau, sous le titre « Une critique des thèses de Jean-Pierre Lebrun ». Je tiens à préciser que tel n’était pas le titre de mon texte publié par Etopia en 2007, même s’il comporte un paragraphe critique en fin d’article (avec une malheureuse coquille dans ce paragraphe sur le site de Ludovic Gadeau, erreur que je lui ai signalée mais sans correction à ce jour). Il y a quelques années, j’avais vu le même texte republié par un autre site, acquis lui aux thèses de Lebrun, mais avec ce dernier paragraphe critique censuré. Voilà qui rétablira l’équilibre…
Le titre original de mon article publié par Etopia était Jean-Pierre Lebrun et les défis subjectifs de l’autonomie, ce qui balaye un peu plus large que la « simple » critique. Dont acte.