
Paysage au couchant à Villars-Santenoge
(photographie de l’auteur)
C’était au lendemain d’un orage batailleur. La lumière était limpide, les odeurs soyeuses des champs et des forêts embaumaient le vent. Nous cherchions en vain ce lieu discret : une mystérieuse formation naturelle autour d’un cours d’eau sous les arbres. Après plusieurs voies sans issue et en absence d’indications, nous fîmes halte devant une barrière verte face à une route de terre. Un rectangle coloré pour randonneurs nous faisait signe. Le chemin forestier descendait après la poutre de bois, en douces ondulations sous une canopée vertigineuse et mouvante ; des petits ruisseaux sonnaient comme des grelots. Nous vîmes des dizaines de limaces orange vif, rampant sur le sol ou grimpant de subtils entrelacements d’herbes, d’écorces et de plantes – des microcosmes cultivés par des nains. Les arbres bruissaient, dansaient avec le soleil.
Nous voulons des forêts, pas de faux rêves
Slogan de zadistes, cité par Gaspard d’Allens, Des forêts en bataille
Il entend, dit la légende, le chant des oiseaux, les hurlements des loups ; il comprend le cerf qui brame et la feuille qui craque en se détachant et va rejoindre ses sœurs dans les valses du vent.
Louise Michel, Contes et légendes
Les choses se sont succédé dans l’ordre suivant : d’abord les forêts, puis les cabanes, les villages, les cités et enfin les académies savantes
Giambattista Vico, La Science nouvelle (1744)
(cité par Harrison, Forêts. Essai sur l’imaginaire occidental)








